Le lien de l'aspérité

02juil12h5513h00Le lien de l'aspérité12h55 - 13h00(GMT+02:00) AnimateurGueno Jean-PierreÉmissionLe souffle du Diable et le soupir de Dieu

Résumé de l'émission

Les systèmes mis en place par les EHPAD à but spéculatif récemment dénoncés par le livre intitulé Les fossoyeurs et qui aurait pu être titré Les vidangeurs ne laissaient plus aucune place au hasard. Ils étaient programmés pour vampiriser leurs pensionnaires et transformaient les « mère grand » des contes de mauvaises fées en petits chaperons rouges victimes de leurs dirigeants indignes et sans scrupules qui se comportaient en loups avides, à l’image de cette directrice générale de l’un des leaders du marché qui gagnait beaucoup mieux sa vie que celle du Groupe Orange.   Lorsque le quotidien d’un être humain est réglé comme du papier à musique, normé, programmé, la vie n’est plus qu’une aspiration par le vide, une sorte trou noir, de siphon qui l’aspire vers le néant. La vie doit inclure sa part de désordre à l’image des chambres de nos adolescents qui nous ont tant fait bouillir. Un brin de foutoir, un bouquet d’imprévu, la perspective de la surprise. L’être humain est comme un alpiniste qui grimpe à mains nues. Sans aspérités, il n’a plus prise sur rien. Lorsqu’un individu est pris en charge à 300%, lorsqu’il subit le quotidien au lieu d’en rester un tant soit peu l’acteur , alors il régresse. Il se grabatise. Il est aliéné. Il abdique.  Il devient la victime d’un temps qui passe et qui le tue. Nous avons besoin d’être utiles aux autres. Certains EHPAD activaient leurs pensionnaires à 11H du matin et les recouchaient à 14H. Ils les plongeaient en état de léthargie. Le temps devenait à leur image, incontinent.   Ces mouroirs de vieux en batterie étaient à l’image des élevages de poules industriels.   A présent, ceux qui continuent à diriger ces Gantanamo du grand âge prétendent en faire des « entreprises », des sociétés « à mission », singeant les entreprises du service public qui sont en voie de disparition dès lors qu’elles ne sont plus tournées vers l’intérêt général. Ils vont continuer à mentir comme ils l’on fait depuis 20 ans en prétendant que leurs établissement étaient médicalisés, revendiquant les médecins et les infirmières qu’ils ne recrutaient pas, et convoquant le cas d’urgence les pompiers ou le Samu. Ils vont s’inventer des « engagements responsables », se fabriquer « une raison d’être ambitieuse et réaliste » après avoir fait de leur métier des machines à priver leurs victimes de toute raison d’être, après avoir été les tristes chevaliers de l’emprise et de l’abus de faiblesse. Le dictionnaire nous apprend que ces illusionnistes d’un nouveau genre déguisent leurs établissements criminels en leur donnant  « statutairement une finalité d’ordre social ou environnemental en plus de leur but lucratif. » Ils prétendent œuvrer pour le « bien commun ». Aux confins de l’EHPAD et du crématorium on va bientôt décarboner le silverwashing. On va blanchir l’argent sale gagné sur le marché honteux du grand âge, de la dépendance et de l’obsolescente programmée et préméditée des êtres humains. Un nouveau commerce triangulaire. On arrache les vieux à leurs domiciles et à leurs racines. On les déplace. On spolie leur patrimoine. On les prive de leur dignité. En les maintenant dans le manque d’hygiène, en les obligeant à vivre dans leur fumier, on les inclue de leur vivant dans le processus qui génère le grand compost universel. Quand vous franchissez le seuil doré d’un EHPAD à but spéculatif, vos jours sont comptés. Votre date de péremption est programmée. On va vous essorer le plus rapidement possible de vos richesses. Le turn over fera le reste et pour plagier la chanson de Jacques Brel :  « Au suivant ». Revoyez le film inspiré du roman Soleil vert publié en 1966 par l’écrivain américain Harry Harrison. L’action se déroule à New York en 2022 ! Découvrez ce monde décrit il y a plus de 56 ans : les océans y sont mourants,  la canicule y est présente toute l’année en raison de l’effet de serre, conduisant à l’épuisement des ressources naturelles, à la pollution, à la pauvreté, à la surpopulation et à l’euthanasie volontaire. La plupart des habitants n’ont pas les moyens d’acheter des aliments naturels, les prix étant exorbitants. Ils en sont réduits à manger des produits de synthèse, fournis par la multinationale Soylent Industries, sous forme de tablettes carrées de couleur jaune, rouge ou bleue. Un nouvel aliment vient cependant d’être lancé, le Soylent Green (Soleil vert en français) ; beaucoup plus nutritif, cet aliment est extrêmement cher et disponible uniquement le mardi. On finit par apprendre que le « Soleil vert » est fabriqué avec les corps des gens euthanasiés à l’image du bétail utilisé pour nourrir la planète. Vous voulez trouver une alternative aux mouroirs du grand âge qui grabatisent leurs pensionnaires entre quatre murs “Téflon” ?

Allez musarder sur le site https://www.cettefamille.com/  ou bien lisez l’article d’Ouest France sur Paul Alexis Jourdren https://www.ouest-france.fr/societe/seniors/alternative-aux-ehpad-chez-cettefamille-on-peut-vieillir-comme-si-on-etait-chez-soi-ff75f27a-7f69-11ec-96be-f0c0563e9325  

Jean-Pierre Guéno

Réécouter l'émission