Ces « paroles de détenus » sont le fruit d’appels radiophoniques lancés sur les antennes de Radio France à la veille de l’An 2000. Les 2000 témoignages collectés à la suite de ces appels ont été complétées par un travail personnel. Ma sélection finale a permis de publier les témoignages les plus forts, les plus authentiques, les plus sincères, les plus émouvants. La condition humaine en milieu carcéral place les détenus tout au bord du gouffre de l’inhumanité. La prison qui pourrait et qui devrait leur permettre de se reconstruire et de retisser avec la société des liens qui les en ont exclus devient trop souvent pour eux la grande école du crime. Qu’ils soient sur le point d’être détruits par la prison ou qu’ils essayent de s’y reconstruire, le « long désapprentissage d’eux-mêmes » qu’ils y subissent leur y fait souvent découvrir ou redécouvrir des choses, des sentiments essentiels. Alors, dans la souffrance de la désespérance ou dans l’espoir de la « reconstruction », leur âme vibre : elle exprime la plainte d’Icare prisonnier de son labyrinthe aussi concret qu’existentiel. Elle exprime le chant de la condition humaine.