Au micro de Myriam Lemaire, dans son émission “Dialogue”, Pascal Perrineau, politologue de renom, professeur émérite des Universités à Sciences Po où il a dirigé le Centre de recherches politiques (Cevipof). Il a été, en 2019, l’un des cinq garants du Grand débat national.
Pascal Perrineau évoque son nouveau livre, Le goût de la politique, publié en mars 2024 aux éditions Odile Jacob, un récit personnel écrit à la première personne, où il raconte son riche itinéraire et livre ses analyses de la Vᵉ République.
Dans cette “autobiographie intellectuelle”, il explique comment lui est venu, dès son plus jeune âge, le goût de la politique, qui ne l’a plus jamais quitté. Après un passage par l’engagement militant, il a même choisi de faire de la science politique son objet d’études. Il revient sur son enfance en Lorraine, sa région natale, puis évoque Tours, où il est arrivé en 1958, l’année du retour du général de Gaulle au pouvoir. Toute sa famille est fortement imprégnée par la politique : un père gaulliste et une mère de tradition démocrate-chrétienne à l’allemande. Il évoque d’ailleurs un souvenir marquant : avec son père, à l’âge de 9 ans, il a rencontré en personne le général de Gaulle. Emotion forte pour ce petit garçon ! Adolescent, il reste très intéressé par les événements politiques, en particulier la toute première campagne électorale de la première élection présidentielle de la Vᵉ république, en 1965.
Comme beaucoup de jeunes gens des années 1960, il est fan des Beatles, de Tina Turner et d’Eddy Mitchell, dont la chanson “Tu parles trop ” évoque pour lui le “charivari” de Mai-68, vécu pourtant de loin, dans son lycée tourangeau. Si les modèles adoptés par les jeunes émeutiers ne lui paraissent pas répondre aux nécessaires évolutions de la société française, il est séduit par le discours réformiste de Jacques Chaban-Delmas sur “la Nouvelle société”. Il rejoindra ensuite le Parti socialiste, dont il démissionnera après la victoire de 1981, déçu par les comportements des militants.
Ayant choisi d’être chercheur et professeur à Sciences Po Grenoble, il est, au début des années 1980, l’un des premiers politologues à s’intéresser au Front national, petit parti dont il pressent l’irrésistible ascension et le caractère durable en analysant la modification de son électorat et l’apparition du “gaucho-lepénisme”. Il comprend que ce phénomène politique original est l’expression d’un nouveau clivage entre société ouverte et société fermée, lequel tend à remplacer le clivage gauche-droite.
Dans cette émission, Pascal Perrineau livre son analyses sur la stratégie du Rassemblement national, les enjeux des élections européennes, et les dangers du “wokisme” dont il a fait l’expérience dans les universités américaines. Il évoque aussi la crise que traverse Sciences Po, où il continue à enseigner et dont il préside l’Association des Alumni.
Pascal Perrineau a reçu pour son livre Le goût de la politique le Prix du Livre politique de l’Assemblée nationale, le 27 avril 2024.
L’émission est à réécouter ci-dessous, et sur toutes les plateformes de podcasts.